« S'éloigner des stéréotypes paresseux » est au cœur d'une nouvelle initiative visant à mettre en valeur le potentiel du Languedoc et sa myriade d'appellations, de styles de vins et de terroirs auprès d'un large éventail de consommateurs.
Rupert Millar a évoqué l'hypothèse selon laquelle la région ne produit que du « vin rouge ou en vrac » lors d'une récente table ronde et du lancement d'un rapport, gracieuseté de l'organisme de promotion Vins AOP du Languedoc ou Vins du Languedoc.
Revenant sur la diversité du terrain, il a déclaré que les plus de 20 AOP de la région couvrent une large gamme de sols allant du grès au basalte, plusieurs sols étant souvent trouvés dans une même zone. Par exemple, le terroir de Saint-Chinian est partagé entre calcaire et schiste. Il existe également souvent des influences climatiques multiples, généralement concurrentes.
«La Bourgogne vous dévore le cœur», a déclaré Millar. « Mais il lui manque aussi la facilité d’approche des autres régions françaises. Il n’y a pas de rive gauche ou droite à laquelle accrocher son chapeau.»
Millar a participé à la recherche et à la production du nouveau rapport, Spirit of the Languedoc, qui a été lancé lors d'un événement de type table ronde au bar à vins et fromages français Provisions à Hackney. En dégustant une sélection de vins issus de plusieurs appellations (chacune avec son identité distincte mais difficile à associer), communicateurs et éducateurs ont cherché à répondre à la question persistante qui plane sur les débats du Languedoc : comment catégoriser et promouvoir au mieux auprès du public ?
Comme l’a souligné l’éducateur Sam Povey, la région se montre réticente à exploiter tout potentiel d’unification. En fait, le terme « Languedoc » apparaît rarement sur les étiquettes et le marketing des vins, les producteurs choisissant plutôt de s'appuyer sur leurs célèbres AOP, de Limoux à Picpoul, Faugères et Pic Saint Loup (qui ont toutes été présentées dans le cadre de l'événement).
Le rapport lui-même aborde la vaste question de la communication.
« Depuis de nombreuses années, le Languedoc est la grande inconnue sur la carte du vin français. Cette immense région, couvrant la quasi-totalité de la côte méditerranéenne française, de la frontière espagnole au delta du Rhône, avec sa multitude d'AOP et d'IGP, présente un défi vaste et déroutant à relever, même pour l'amateur de vin le plus averti », peut-on lire.
Il semble que les Vins AOP du Languedoc s'inspirent désormais du modèle chilien. Il y a plusieurs années, le Chili a entrepris d'expliquer les influences sur ses terroirs en divisant le pays en trois bandes longitudinales : côtière, centrale et montagneuse. Occupant une bande entre les montagnes des Cévennes à l'extrémité sud du Massif Central et la Méditerranée, le Languedoc n'est pas sans rappeler.
Les plaines, collines et montagnes côtières et le corridor atlantique sont les trois zones que le rapport cherche à mettre en valeur, tout en plongeant également dans les vents caractéristiques qui ont une influence formatrice sur le terroir. Beaucoup de ces vents ont un effet polarisant sur le climat. Ils peuvent être chauds, secs ou frais et soit chasser, soit former des nuages de pluie qui entraînent des précipitations.
Le rapport souligne également l’énorme changement d’approche en matière de viticulture et de vinification au cours des quatre dernières décennies. Les grandes coopératives de la région font partie de celles qui mènent la charge en faveur d'une viticulture plus durable et d'une vinification de haute qualité, tandis que des vignerons plus indépendants ont émergé parallèlement, souvent parmi les jeunes générations.
L'évolution constante est un thème persistant. Par exemple, le premier vin mousseux a été élaboré à l'abbaye de Saint-Hilaire à Limoux au XVIe siècle. Les vins effervescents qui en sont issus, Blanquette de Limoux et Limoux Méthode Ancestrale, sont les deuxièmes AOP du Languedoc, reconnues en 1938.
Cependant, plus d'un tiers des AOP des régions ont moins de 25 ans, la viticulture biologique, les techniques innovantes et la durabilité étant les maîtres mots de l'offre globale. En effet, c'est cette partie du Languedoc qui a beaucoup à offrir aux buveurs modernes. Les appellations continuent de bénéficier d'une liberté considérable, les producteurs continuant de chercher à éviter les nombreuses lois sur les appellations qui sont plus répandues dans d'autres domaines.