Face à la marche du bas et du non, Jacopo Mazzeo rapporte que le premier État membre de l'UE à approuver un seuil d'abv bas, avec des prévisions d'une adoption rapide.
Plus tôt ce mois-ci, le Comité des vins IGP de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) de France a approuvé une mesure autorisant la désalcoolisation des vins IGP du pays. Selon la nouvelle réglementation, tout vin IGP peut désormais subir une désalcoolisation pour atteindre un minimum de 6%, à condition que les IGP respectives choisissent d'intégrer ce processus dans leur cahier des charges de production.
Comme l'a précédemment rapporté Harpers, en 2021, l'UE a répondu à la demande croissante des consommateurs pour des produits à faible teneur en alcool ou sans alcool en autorisant la désalcoolisation des vins avec une indication géographique jusqu'à un minimum de 0,5 % abv dans ses États membres. La décision d’adopter ou non cette pratique était ensuite laissée à la mise en œuvre de chaque État membre.
La Commission des vins IGP de l'INAO a depuis délibéré sur la possibilité d'étendre cette disposition aux vins IGP français. Finalement, la commission a pris la décision d'autoriser la désalcoolisation partielle le 4 avril, faisant de la France le premier pays de l'UE à adopter cette pratique pour les vins d'origine géographique. A ce stade cependant, aucune décision n'a été prise concernant la désalcoolisation des vins AOP.
« La réglementation européenne a évolué, ouvrant la possibilité de désalcooliser les vins bénéficiant d'indications géographiques, avec un minimum fixé à 0,5 % d'alcool par volume. (Suite à cette décision), les vins IGP français ont fait le choix de l'innovation et ont adopté une stratégie visant à autoriser les (IGP) qui le souhaitent à désalcooliser jusqu'à 6% vol… par distillation sur colonne à cône tournant, distillation sous vide et osmose inverse, » Éric Paul, président du Comité des vins IGP de l'INAO a déclaré Harpistes. «Cela permettra de répondre à la demande croissante du marché pour des produits sans alcool ou à faible teneur en alcool.»
Plusieurs éléments ont été pris en compte pour prendre cette décision, notamment le respect de l'origine du vin, les aspects technologiques et réglementaires ainsi que les facteurs économiques. Le seuil de 6% vol. a été déterminé après des dégustations et des expérimentations visant à trouver l'équilibre optimal entre conservation du caractère et du goût du vin tout en réduisant la teneur en alcool pour répondre aux évolutions des besoins des marchés français et internationaux.
Cependant, étant donné que la réglementation européenne autorise déjà une désalcoolisation jusqu'à 0,5 %, le seuil de 6 % abv pourrait bien être abaissé à l'avenir.
« En termes de qualité, le seuil de 6 % vol. offre aux vignerons la flexibilité d'utiliser les technologies et les méthodes nécessaires pour réduire la teneur en alcool d'un vin, tout en obtenant un produit de haute qualité », a déclaré Paul.
« En fonction de l'évolution de ces technologies et méthodes, nous n'excluons cependant pas d'aller plus bas à l'avenir, à condition que la qualité du produit soit maintenue aux normes. »
Conformément à cette stratégie, les IGP ayant intégré la désalcoolisation dans leur cahier des charges pourront également expérimenter la production de vins avec un titre alcoolique inférieur à 6 %. Ces expérimentations feront l'objet d'un suivi régulier par la commission scientifique et technique de l'INAO.
Les IGP souhaitant poursuivre la désalcoolisation doivent désormais introduire une demande de modification de leur cahier des charges. L'INAO examinera ensuite la demande et, une fois approuvée, les producteurs seront autorisés à commercialiser leurs vins partiellement désalcoolisés en IGP. Ces vins subiront des contrôles organoleptiques avant et après désalcoolisation et les étiquettes comporteront la mention « partiellement désalcoolisés » à côté de l'appellation IGP.
Les IGP qui déposeront rapidement leur dossier et verront leur cahier des charges modifié dans les plus brefs délais pourront profiter de cette opportunité dès le prochain millésime 2024.
Selon Paul, aucun candidat n'a encore déposé de demande de modification du règlement, mais il prévoit que ces demandes arriveront très rapidement au cours des prochains mois.